A propos de l’invasion policière à ASOEE

Une fois encore, ces derniers temps les environs autour de Victoria se sont transformés en une zone policière avec MAT, DIAS, flics en civil et autres chiens de garde de l’État qui occupent la place et ses alentours. Cette fois, après le squat Villa Amalias, la cible est l’université ASOEE.

Dans l’après-midi du vendredi 28-12-12, une opération spectaculaire a envahi le lieu d’ASOEE. Au final, les flics arrêtent 16 personnes, toutes immigrées, – l’école étant vide d’étudiants à cause des fêtes – qui ont été trouvé caché dans le restaurant universitaire, certains malchanceux passant par là quand ils lancèrent l’invasion. Ensuite, ils vont de suite au sous-sol de l’école où se trouvent les stekis* étudiants et forcent les portes, entrant et trouvant textes, affiches, matériaux écrits, bibliothèque et la station de radio de 98fm. Des personnes solidaires commencent immédiatement à se rassembler devant l’école et se font chasser par les flics. Quand ils transfèrent les arrêtés au commissariat de Kypseli, dans le bus et loin des yeux du public, les flics les terrorisent et les frappent, alors qu’ils refusent de les transférer à l’hôpital. Le samedi matin, les arrêtés sont conduits au tribunal pour l’accusation de vente de produits sans payer de taxes. Sur les 16, 14 sont remis en liberté après la comparution au tribunal, tandis que 2 restent détenus parce qu’ils n’ont pas de papier.

Avec leur tactique habituelle de l’appel anonyme (!) à propos de commerces illégaux, ils publient le mandat du procureur pour l’invasion du lieu de l’université. Ce n’est pas une opération policière agressive de plus pour arrêter les vendeurs qui ont leurs marchandises devant ASOEE. Ils ont cette fois organisé une opération spectaculaire avec l’appui de la police, du gouvernement, de la mairie (le maire Kaminis) et du recteur (Constantinos Gatsios). Il s’est vite avéré que la cible n’était pas seulement le commerce illégal.

Ils ne ciblent pas des foyers d’illégalité, ils ciblent des foyers de résistance.

Ils ciblent le côté social de l’asile universitaire. Mais l’espace de l’université à une histoire spécifique et est plus qu’un lieu d’étude, c’est un lieu où dans les faits se trouvent des fermentations politiques et se construisent des résistances. C’est un lieu qui en pratique fonctionne comme un refuge pour les manifestants et ceux pourchassés par la répression étatique. Nous n’avons besoin d’aucune loi pour confirmer et soutenir son existence. C’est un acquis d’innombrables luttes, avec ou sans affrontements, qui s’établit dans la mémoire historique comme un lieu où les flics ne sont pas les bienvenus. Et tout cela ne peut être éradiqué par aucune invasion policière.

Ils ciblent les stekis politiques, lieux occupés au sein de l’université par des étudiants et étudiantes. Lieux qui produisent discours et pratiques subversifs, qui hébergent des maisons d’éditions politiques et culturelles, bibliothèques de prêt, leçons, etc. Lieux où la hiérarchie, la spécialisation, le racisme et le sexisme n’ont pas leur place. Lieux où se forgent des relations horizontales et contre toute forme d’autorité. Et tout cela ne peut être évacué par aucune invasion policière.

Ils ciblent les infrastructures construites par le mouvement qui fonctionnent pour celui-ci et seulement lui. Une station de radio dans ce cas-ci, 98fm, qui sape la propagande dominante, le style de vie capitaliste et le consumérisme. Ceux qui parlent au micro sont des sujets du mouvement. Une radio bâtie collectivement et qui promeut des idées et pratiques subversives. Et tout cela ne peut être saisit par aucune invasion policière.

Ils ciblent la lutte des immigrés vendeurs d’ASOEE. Personnes qui ont quitté leurs pays pour des raisons économiques ou de conflit, qui sont arrivés ici pour se retrouver confrontés à la marginalisation, au racisme et à l’exploitation, qui chaque jour sont chassées par les matraques des flics et les couteaux des fascistes. Personnes dont les moyens de subsistance sont limités, non parce qu’ils l’ont choisit, mais parce que leurs conditions sociales leurs sont imposées, qui essayent par le biais du petit commerce de gagner chaque jour un peu d’argent et de vivre dignement. Coexistant de manière harmonique avec nous, ils choisissent de briser la peur et l’isolement, de résister, de lutter avec les locaux, de créer avec les étudiants et solidaires des communautés de lutte au sein de l’assemblée des immigrés et solidaires d’ASOEE. Bien sûr, le rassemblement et l’organisation des opprimés est ce qui est dangereux pour le monde du pouvoir, qui s’auto-reproduit en semant de fausses séparations. Et tout cela ne peut être réprimé par aucune invasion policière.

C’est tout cela qui est construit à ASOEE et c’est ce que le langage du pouvoir décrit comme des foyers d’illégalité.

Et nous nous demandons : où est la réelle injustice, la réelle absence de logique ?

Peut être quand une loi est votée et qui baisse les salaires et retraites, qui coupe tous les services sociaux, qui autorise les licenciements sans motifs, qui oblige à faire plus d’heures de travail pour moins d’argent, tandis que dans le même temps elle favorise de façon scandaleuse les banques, armateurs, grands industriels et autres patrons ?

Peut être quand une loi est votée et qui entraîne de plus grands pans de la société dans la pauvreté et la misère, tandis qu’en parallèle ils tentent d’enrayer chaque effort pour résister de ceux qui luttent ?

Qui sont ceux qui sont menacés par les lois et qui sont ceux qui sont menacés par les foyers d’illégalité ?

De quelle manière l’asile, les stekis et lieux occupés, les radios auto-gérées, les infrastructures du mouvement, les immigrés vendeurs, sont tous une menace pour ceux d’en-bas ? Qui peut se sentir en danger en dehors de l’autorité et ceux qui les soutiennent ?

Dans un monde où la loi est faite pour opprimer les pauvres et réprimer ceux qui luttent, nous choisissons d’être illégaux.

Il y a un lien direct entre l’expulsion du squat Villa Amalias et l’invasion d’ASOEE, qui se trouvent tous les deux dans le centre d’Athènes, dans le coeur de la métropole.

Le centre d’Athènes, qui est par excellence le lieu des conflits sociaux et qui démontre de la manière la plus crue les contrastes sociaux qui se développent, où la survie et la prospérité sont séparés par un mur, où la misère et l’ultra-consumérisme sont côte à côte, où les luttes sociales font face à la restructuration et au développement capitaliste.

Le centre d’Athènes où durant les dernières années s’est établi la pratique nazie des zones nettoyées. Cela a débuté dans la région d’Agios Panteleimonas où Aube Dorée a commencé à construire sa présence dans la scène politique. Exploitant les circonstances sociales et économiques, la situation ardue pour la survie des locaux et immigrés dans la région, mais surtout en ayant l’admirable soutien de l’État, il commence à établir le « nettoyage » de la zone. Et il évident que les luttes qui se sont déroulées à ASOEE, le squat Villa Amalias et toutes les autres foyers de résistance dans la région sont des remparts déterminants contre la diffusion de ses plans inhumains.

Dans ce champ exact se trouve ASOEE et Villa Amalias qui ont fait le choix clair d’être aux côtés de ceux qui sont à la base de la pyramide sociale.

Et nous de notre côté nous avons une position claire contre la guerre qu’ils nous ont déclaré. Nous choisissons, locaux et immigrés, la voie collective de la lutte contre le totalitarisme qui veulent nous imposer. Avec nos armes que sont la solidarité, l’auto-organisation et nos structures horizontales, nous créons des foyers de résistance et de liberté.

 RIEN N’EST FINI, TOUT COMMENCE MAINTENANT

 AUCUNE POURSUITE CONTRE LES IMMIGRÉS VENDEURS

 SOLIDARITÉ AVEC LE SQUAT VILLA AMALIAS ET CHAQUE LIEU AUTO-GÉRÉ

Initiative de l’Assemblée des Immigrés et Solidaires d’ASOEE

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