Ce pays on parvient à bien le connaître seulement après avoir passé le mur à la frontière
d’Evros, seulement après avoir évité la noyade quelque part dans la mer Egée. Des
centres de détention à Amygdaleza, Corinthe, Paranesti et bien d’autres….jusqu’à
Patission, Acharnon, la vie quotidienne pour tou-te-s ceux qui ont la fausse
couleur de peau ou les ‘’mauvais’’ papiers est insupportable .
Dans le centre-ville tu ne peux rien faire. Sans papiers, c’est impossible de trouver un
boulot. Et si tu as un travail, c’est mal-payé, sans sécurité sociale, ton patron te traite
n’importe comment et toi, tu es obligé-e de ne pas réagir car il pourrait appeler les flics.
Sans papiers tu peux pas te déplacer librement, tu peux pas aller visiter tes parents ou
tes ami-e-s. Sans papiers, quand tu tombes malade, tu n’es pas sur-e si l’hôpital va te
recevoir. Sans papiers, ton locateur, aussitôt que tu retardes un paiement, il est prêt a te
montrer la porte et toi soit tu paies soit tu te casses car tu peux pas faire autrement. Sans
papiers, tu peux pas te promener dehors, souvent tu t’enfermes chez toi quand le soleil se
couche. Et quand tu trouves le courage de sortir, tu marches à tâtons, rempli-e de peur.
Sortir de chez toi est une véritable aventure, si tu sors tu sais pas si tu vas revenir chez
toi, car tu pourrais te retrouver dans un lieu comme:
…les camps de détention ou les commissariats. Il s’agit de « c’est la manière que l’état grec et
la police ont trouve pour torturer les immigrés. Il y a plusieurs immigrés enfermes qui n’ayant la moindre idée sur la date de leur libération, arrivent à la déraison. Là-bas ils ne nous donnent rien du tout. La seul chose qu’on peut faire dedans c’est dormir tout le temps. L’été, la chaleur est insupportable. La nourriture est de mauvaise qualité et insuffisante. Pas de vêtements, ni de médicaments et si un d’entre nous tombe malade, les flics eux-mêmes sont les seuls responsables pour appeler le médecin et qu’estce qu’ils font? Le plus souvent, soit les flics appellent le médecin avec un retard considérable soit ils restent complètement indifférents. Nous ne pouvons pas contacter nos familles car l’usage de téléphones est interdit, les heures de visite sont très courtes et leur durées limitées et tout ceci change à la guise de flics. Les transferts des détenus dans d’autres camps sont une forme de punition habituelle rendant la communication avec nos proches plus difficile encore. Les flics, eux, ils entrent dans les cellules quand ils le veulent et nous frappent. Ils nous traitent comme des objets et pas en tant qu’êtres humains. Si 18mois passent et que nous ne sommes pas encore déportés, nous sortons des camps un papier à la main qui dit que nous devons quitter le pays dans trente jours.»
Et c’est pas tout. C’est aussi tout ce qui se passe tous les jours même si tu n’es pas
enfermé-e dans un camp, même si tu as des papiers. C’est les deux heures ou la nuit
entière que tu es obligé-e de passer à Allodapon quand le flic décide que lui montrer
tes papiers n’était pas suffisant. C’est aussi les flics fascistes qui restent toujours dans
la police sans que personne ne les contrôle. Ce sont les lois qui permettent aux flics de
t’arrêter, papiers ou pas, s’ils te considèrent comme un ‘danger pour l’ordre et la sécurité
publique’. C’est la situation dans les moyens de transport, trains et bus, ou presque
personne ne s’assoie pas à coté de toi, ou ils échangent entre eux des regards disant qu’ils
préféraient que tu descendes. C’est le comportement des flics pendant les contrôles des
papiers, quand il ne leur suffit pas de regarder tes papiers mais ils veulent t’humilier,
de te montrer que tu es rien devant eux, quand ils répètent les questions, tu viens d’où,
qu’est-ce que tu fais ici, pourquoi tu ne rentres pas dans ton pays, quand, après avoir vu
tes papiers, ils les lancent par terre et te disent ramasse-les. C’est toutes les choses qui
t’obligent à te poser la question ‘pourquoi je rentre pas chez moi ? Quelques fois, je me dis pourquoi
je reste dans ce pays. Car jour après jour tu apprends de nouveau que tu n’es pas d’ici.
Ici pourtant se trouvent aussi ceux qui, en se soutenant l’un l’autre, ont dépassé leurs
peurs et ont lutté contre l’oppression quotidienne. Les immigrées qui se sont révoltés
dans le camp d’Amygdaleza en Aout 2013 se soulevant contre la prolongation de leurs
temps de détention, contre les conditions dans le camp et contre le manque de soin
médical. Ce sont les mêmes immigrés qui, avec le soutien des solidaires, ont été acquittées pendant leur procès un an plus tard. Ce sont les immigrés qui travaillaient dans les champs à Skala Lakonias et à Manolada, dans l’usine d’Aspropyrgos et qui se sont unis pour faire la grève contre les salaires de faim et les attaques racistes incessantes de la police. Ce sont les immigrés à Ermou et à Asoee qui avec des locaux à leurs cotés ont résisté maintes fois contre les attaques des flics et des fachos pour défendre leur droit de vendre dans la rue pour gagner leur vie.
Ces luttes et aussi d’autres, plus petites et quotidiennes ainsi que les gestes simples de
solidarité par des locaux, sont les choses que nous n’oublions pas car dans ces luttes
nous trouvons la force pour l’avenir. La force pour voir que c’est maintenant le moment
de regarder au-delà de la peur et revendiquer une vie en dignité. De crier papiers pour
tou-te-s dès la première seconde en Grèce, de revendiquer que tous les centres de détention ferment, de demander une quotidienneté sans racisme et sans humiliations constantes par la police.
ECRASONS LA PEUR
DESCENDONS DANS LA RUE
microfoniki pl.Amerikis 7/3 17:00
RASSEMBLEMENT SYNTAGMA 14/3 17:00
microfoniki pl.Omonoias 28/3 15:00
DEMONSTRATION PL.VICTORIA 4/4 17:30
assemblée des immigrés et des solidaires d’Asoee